7. La tablette de Chetun

Le volcan crache ses flammes dans sa direction. D’un coup de bouclier, le guerrier fait dévier de sa trajectoire le projectile qui lui était destiné. La lave, roulant du sommet de la montagne, vire soudain dans sa direction. Malgré le masque qui recouvre entièrement son visage, il sent sur sa peau une chaleur extrême s’approcher, puis l’entourer. Avant que la lave ne l’atteigne, il saute sur un rocher, plus en hauteur, et évite la morsure fatale. 

D’autres boules de feu tombent sur lui. Malgré le bouclier, il sent les coups s’abattre pour le frapper davantage. Une pluie de braises fond alors sur lui. Il doit fuir son refuge temporaire. Il bondit de rocher en rocher. L’un d’eux s’effondre et glisse sous son poids. Une main sort des entrailles de la terre, tente de saisir sa jambe alors que rugissent d’autres explosions au sommet. Il aperçoit une silhouette, celle d’un homme qui dirige les flammes vers lui. D’un coup d’épée il tranche le bras-racine qui l’empêchait d’avancer et continue de monter dans sa direction. 

L’ascension est freinée par les pièges que le sorcier pose devant lui mais ni les flammes, ni la chaleur, ne peuvent empêcher sa progression. A présent, la rivière de lave est derrière lui et les jets de pierre ne peuvent plus l’atteindre. Arrivé au sommet, il voit le sorcier prendre panique et courir pour se mettre à l’abri. Dans sa fuite, il tente quelques incantations mais sans succès. Le guerrier plante fermement son épée au sol et répète le sort qu’on lui a appris : « m’sbrul glaf’n’shet ». 

Le sorcier n’est plus en mesure de combattre. Il se sent perdu. Effrayé par sa mort proche, il le met en garde :

  • Ne me tue pas ! Un danger bien plus grand nous attend, je peux vous aider ! Dans la tablette de Chetun, tout est écrit ! 

Le guerrier s’approche de lui, sa lance prête à s’abattre sur son crâne.

  • Explique-toi, lui dit-il
  • La tablette de Chetun, elle m’a été confiée par un étranger. Pitié, ne me tue pas, lui répond le sorcier en pleurant 
  • Où est-elle ?
  • Elle est dans ma demeure…vous ne pourrez pas la trouver sans moi…je dois t’accompagner, dit-il en montrant de la main une des parois du volcan.

Le guerrier prend un instant de réflexion. En temps normal, il se débarrasserait de lui sans attendre, mais l’objectif de sa venue est d’obtenir cette tablette. Peut-être aura-t-il encore besoin de lui ?

Le sorcier profite de ce temps pour tenter un dernier sort et l’aveugler. Le guerrier détourne le visage et abat sa lance sur lui. Le corps du vieil homme tombe lourdement à terre, le visage couvert de sang.

Il sort de son sac une poudre grise qu’il jette autour de lui. Elle est emportée par un vent soudain qui vient recouvrir une des parois de la montagne, révélant l’entrée de la demeure du sorcier. Il pénètre et découvre une multitude d’objets, de pots, de bols de poudres rares, de pierres précieuses et de pièces d’or. Il remplit son sac en sélectionnant avec soin son butin. 

Posée dans une pièce adjacente creusée dans la roche se trouve une petite plaque d’argile, gravée de signes mystérieux, comme un dialecte ancien. Pour mieux l’admirer, le guerrier retire son masque. Sa peau est blanche et tranche avec la chevelure brune qui entoure son visage. Axelle enveloppe la tablette d’un morceau de tissu et la range soigneusement dans son sac, avant de repartir. La tablette est enfin en sa possession et livrera bientôt tous ses secrets.